BORUSA: This is rather more than a student prank, isn't it?
DOCTOR: Believe me, Lord Borusa, I've never been more serious in any of my lives. 

J'ai un petit faible pour cette histoire. Principalement car elle est déroutante, qu'elle prend des risques, que K9 et Leela ont de très bons rôles dedans et que Tom Baker peut crier et faire des rires démoniaques sans que personne ne trouve ça plus dérangeant.

Il faut vraiment noter cela car sa prestation ici pourrait être au prime abord critiquée. Mais le fait est que peu de Docteurs pourraient jouer un tel rôle ambigu, alternant constamment entre l'amusé, le sérieux et le démoniaque, tout en étant à tout le moment le Docteur. En fait, son personnage sonne clairement faux et pour ne pas créer un décalage Tom Baker a l'intelligence de changer fortement son jeu également et en faisant des variations inattendues. C'est exactement la bonne attitude à prendre.

Cela dit je ne suis toujours pas fan des moments où il parle à la caméra, tout seul, ce qui se produit une fois lorsqu'il doit s'échapper de ses quartiers. Je ne sais pas si c'est plus la faute de l'écriture (ce qui paraitrait logique) ou de l'acteur (puisque Tom Baker clamait toujours haut et fort qu'un Docteur sans compagnon ça marcherait, pour rassurer son égo). Cela reste un détail.

Beaucoup plus de choses se passent dans cette partie même si le rythme repose toujours en grande partie sur la simple énigme de toute cette mascarade. Il semble évident que le Docteur veut protéger Leela en l'expulsant de la citadelle, mais pourquoi ?! C'est clairement l'un des mystères et des pitchs les plus intrigants de tous les classiques.

C'est de plus un épisode vraiment drôle, avec à nouveau de bonnes transitions entre les répliques. Un ton comique qui a été critiqué mais qui pourtant ne paraît pas si éloigné de celui de The Deadly Assassin, loin de là.

A noter la première apparition d'une Seigneur du Temps femme, ou plutôt d'une Gallifreyienne femme ! Rodan, une pré-Romana peut-être pour jauger en quelque sorte si ce genre de personnages est facile à écrire ou pas, mais clairement une réussite jusque là, nous faisant un peu sortir du carcan des "vieux dirigeants de la citadelle" qu'on s'est tapé pendant tout Deadly Assassin et le début de Invasion of Time. Il faut quand même admettre que l'ère H&H est particulièrement pauvre en personnages secondaires féminins, d'ailleurs. Cette saison s'améliore un peu mais il faudra attendre les prochaines pour voir une nette amélioration.

Il y a tout de même un petit problème déjà présent dans l'épisode 1 dans la scène de l'intronisation du président et ses coussins en plastique : l'emballage de l'épisode. Là c'est un point qui a indéniablement beaucoup perdu depuis l'ère Hinchcliffe, la production en saison 15 ayant été chaotique et le budget également. Hormis Image of the Fendahl qui avait de beaux décors, il n'y a guère que Horror of Fang Rock qui bénéfice d'une patte et d'une ambiance visuelle propre. Toutes les autres histoires ont été rattrapées par des problèmes de budgets et de choix de direction malgré leurs efforts.

C'est également le cas ici. Bien que dans le même ton que The Deadly Assassin, la citadelle des Seigneurs du Temps est ici enncore plus stylisée en art-deco, modernisée et tout simplement décorée. Des rideaux avec des peintures antiques, des tableaux au mur, des plantes en plastique et des clés magiques en plastique aussi... On se croirait presque dans un salon excentrique des années 90... Et c'est un choix peu judicieux. Un exemple d'un couloir par lequel Four et bien d'autres personnages passent régulièrement. Au fond, un mur tout vert. J'ai plus ou moins immédiatement reconnu que c'était la scène employé dans The Name of the Doctor pour incruster Clara. Et je comprends maintenant pourquoi ils ont choisi cette scène-là : un fond vert leur est donné ! Ce qui est censé être le mur du bâtiment passant pour un fond vert mal rempli.

Mais bon on reste loin des catastrophes des épisodes précédents et puis la comparaison avec The Deadly Assassin est un peu rude, ce dernier possédant une petite échappatoire dans la matrice autorisant un tournage à l'extérieur dans une carrière et une jungle plus stylisée qui a économisé du budget. On a déjà bien vu pire visuels que ceux de The Invasion of Time, et cela fait une certaine ambiance, donc je pinaille un peu.

DOCTOR: That's funny, I've got a ringing in my head.
BORUSA: That's the alarm system.

Un autre petit défaut esthétique, ou plutôt sonore : les oreilles de K9 dans le TARDIS qui grincent aussi fort qu'un marteau-piqueur, c'est pas possible. J'ai dû couper le son et me rabattre sur les sous-titres. Les bruits d'alarme étaient très gênants mais heureusement plus courts... Ce qui n'est pas le cas des bruits de communication téléphonique. A l'époque des Time Lords, ils n'ont vraiment pas trouvé un autre moyen pour communiquer que de maintenir un bouton enfoncé entraînant des "blips... blips..." incessants ? Niveau suspension d'incrédulité on est pas au top level. C'est à nouveau en soi un détail car j'aime beaucoup K9 dans le sérial, ainsi que les Seigneurs du Temps.

K9: Humanoid illogical procedure, master.
DOCTOR: Like me?
K9: Affirmative.

Bref une direction et la surface de l'épisode un peu atypique et un rythme qui repose trop sur le mystère général empêche cet épisode de vraiment décoller... Mais malgré tout c'est toujours une histoire aussi intrigante. Le cliffhanger promet enfin un peu d'action car il est triple : K9 se faufilant et détruisant la barrière transductive des Time Lords, Rodan apercevant un vaisseau ennemi en approche vers Gallifrey et bien sûr le rire démoniaque du Docteur suivi de l'apparition de sortes de fantômes dans un énième "Pepper Ghost" que la série maîtrise plutôt bien !

Allez, les Vardans arrivent, il est temps de remuer un peu les choses.